Contrat stratégique de la filière automobile: quelles évolutions?
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L’avenant au contrat stratégique de la filière automobile a été signé le 26 avril 2021 par le Ministre de l’Economie – M. Bruno Le Maire, la Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion – Mme Elisabeth Borne, la Ministre déléguée auprès du Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, chargée de l’industrie – Mme Agnes Pannier-Runacher, le Ministre délégué auprès de la Ministre de la Transition Ecologique, chargé des transports – M Jean-Philippe Djebbari et par M. Luc Chatel, Président du Comité stratégique de filière et de la PFA.
Là où tout a commencé
Le Comité stratégique de filière automobile fait partie des 10 Comités stratégiques décidés par le Conseil national de l’industrie (CNI) en février 2018.
Filière d’excellence et vitrine du savoir-faire industriel « made in France », la filière de l’industrie et des services de l’automobile regroupe 150.000 entreprises, employant 800.000 personnes sur le territoire.
Le 28 mai 2018, l’Etat et le Comité stratégique de filière, présidé par Luc Chatel, signait le contrat de filière qui définissait pour la période 2018 – 2022, la feuille de route partagée d’une véritable transformation de la filière automobile française. Il vise à actionner un à un les leviers d’une transformation rapide, profonde et pérenne : l’énergie, la compétitivité, le digital, l’environnement ou encore le capital humain.
Ce contrat de filière s’articule autour de 4 projets structurants :
- Être acteur de la transition énergétique et écologique
- Créer l’écosystème du véhicule autonome et expérimenter, à grande échelle, pour offrir de nouveaux services de mobilités
- Anticiper les besoins en compétences et emplois
- Renforcer la compétitivité de la filière automobile
La mise en œuvre de cette feuille de route ambitieuse a fortement affecté les acteurs de la filière auto dès 2019, et plus particulièrement les entreprises sous-traitantes des motorisations diesel. En décembre 2019, lors de la Journée de la Filière, Bruno Le Maire annonçait un plan de soutien à l’automobile doté de 50 millions d’euros dont la moitié dédiée à un soutien à la diversification.
La crise sanitaire du COVID-19, ainsi que le premier confinement de mars 2020, ont accentué la pression sur les entreprises de la filière, déjà engagées dans la transition énergétique.
C’est ainsi que le 26 mai 2021, le Président de la République a annoncé un plan de relance spécifique à la filière auto, particulièrement touchée. Ce plan de relance auto a permis d’accompagner en 2020 25 projets structurants de R&D dans le cadre du Comité d’Orientation de la Recherche Automobile et Mobilités (CORAM) et 303 projets de modernisation industrielle.
En 2020, le niveau de vente de véhicules neufs en France a chuté d’un peu plus de 25 %. La production a quant à elle chuté de 40% par rapport à 2019.
La signature de l’avenant au contrat de filière intervient à un moment particulier pour celle-ci.
Alors que les discussions en cours autour des futurs réglementations européennes (le Green Deal et la norme Euro 7 notamment) conduisent à une accélération de la transition énergétique dans la mobilité, de plus en plus de pays et de villes annoncent l’interdiction de vente ou d’accès aux moteurs thermiques, diesel et essence. Dans ce contexte, de plus en plus de constructeurs ont adapté leur stratégie et annoncé la baisse drastique, voire l’arrêt de la commercialisation de véhicules à moteur thermique à l’horizon 2030 et 2040. Le tout sur fond de tension de la supply chain pour le transport maritime, les semi-conducteurs, les métaux et certaines matières plastiques.
L’accélération de la transformation à laquelle la filière est confrontée se produit à mi-échéance du contrat de filière. L’avenant signé le 26 avril ajoute de nouvelles actions ambitieuses et structurantes pour la filière, afin que, comme l’exprime Luc Chatel : « Le scénario du déclin ne soit pas une fatalité. Il illustre la capacité de la filière à amplifier sa transformation, à innover, à investir. Un scénario de sursaut est possible, à condition de s’appuyer sur une véritable stratégie industrielle ».
Vers une mobilité plus verte
Concernant la transition énergétique et écologique, un effort particulier sera notamment porté sur :
- L’électrification des VUL dont il est prévu de tripler le nombre de vente à l’horizon 2022.
- L’accélération du déploiement de bornes de recharge pour accompagner l’augmentation des ventes de véhicules électriques.
- La neutralité carbone au plus tard en 2050 des entreprises de la filière
- La création d’une task-force pour accompagner la conversion et la montée en gammes des services de l’automobile autant d’un point de vue technologique que des compétences et de l’emploi.
Pour plus de compétitivité
Le deuxième focus prévu par l’avenant au contrat de filière concerne la compétitivité de la filière. Et plus particulièrement:
- L’identification des projets structurants pour la filière autour des batteries, de l’hydrogène et de l’électronique de puissance notamment
- La mise en place d’un suivi de l’application du Code de Performance et de Bonnes Pratiques de la filière révisé en 11/2020, par la médiation des entreprises
Les besoins en compétences en emplois
Le troisième enjeu majeur précisé et complété par l’avenant au contrat de filière concerne l’anticipation des besoins en compétences et en emplois de la filière. Il prévoit notamment une actualisation de la feuille de route RH de la filière à l’automne 2021, ainsi que le déploiement de 4 nouveaux Campus des Métiers et des Qualifications, en complément des 5 déjà prévus.
CARA se mobilise depuis 2 ans pour accompagner les acteurs de la filière dans cette transformation inédite dans l’histoire de la filière. Car c’est ensemble que nous relèveront les défis qui se présentent à nous.
Les projets ne se réalisent jamais seuls.
J’ai voulu alerter le gouvernement sur les risques lourds qui pèsent sur le tissu industriel et sur l’emploi – conséquences directes de l’accélération vers l’électrification que dessinent les décisions politiques, notamment au niveau européen.
Face à ces risques, le scénario du déclin n’est pas une fatalité. L’avenant au contrat stratégique de filière, adopté lundi, illustre la volonté et la capacité de la filière automobile à amplifier sa transformation, à innover, à investir. Un scénario du sursaut est possible, à condition de s’appuyer sur une véritable ambition industrielle. C’est tout le sens des propositions que nous portons.
Luc Chatel
Président de la PFA
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