Transport fluvial et lacustre
Transport de marchandises sur la Saône
Dans le contexte actuel de réchauffement climatique et de transition écologique, le développement du transport fluvial et lacustre apparaît comme une solution technique pertinente au regard de sa faible consommation énergétique par tonne ou passager transporté. Alors que la France dispose d’un réseau fluvial étendu, le plus grand d’Europe, de grands ports maritimes et de grands lacs navigables, il apparaît que ce mode, malgré le contexte d’expansion du développement durable, reste sous-utilisé.
Le transport fluvial de fret, qui a subi la concurrence du transport ferroviaire au début du 20ème siècle, est une solution propre, circulant sur une infrastructure non encombrée, fiable et capable de livrer de gros volumes autant sur des axes structurants qu’au plus proche du cœur des villes.
La distribution fluviale présente pourtant de nombreux avantages :
- Diminution des nuisances environnementales
- Réduction de la congestion routière et accès facile au cœur des villes
- Optimisation de la gestion des stocks
- Sécurisation des horaires de livraison
Certains acteurs économiques précurseurs ré-utilisent depuis plusieurs années la Seine dans Paris mais aussi d’autres grandes villes françaises et européennes : Lille, Lyon, Strasbourg, Utrecht aux Pays-Bas…
Malgré tous ces atouts, le choix économique du transport fluvial est encore insuffisamment rentable du fait de la vétusté de certaines parties du réseau et de défauts d’interconnexion à l’intérieur de celui-ci et avec les autres modes de transport.
Le transport fluvial et lacustre de personnes, complémentaire des solutions de bus ou des tramways, comme sur la Garonne à Bordeaux ou sur le Leman dans le genevois franco-suisse, où des navettes permettent des déplacements directs et rapides entre deux rives, facilite la vie quotidienne des habitants de nombreux territoires européens. Les navettes fluviales et par extension maritimes mais aussi lacustres peuvent constituer un véritable service de transport collectif à part entière sur des territoires contraints géographiquement et avec un réseau routier encombré. Celui-ci peut s’intégrer aux réseaux locaux tant en termes d’horaires, de billetterie, de tarifs que de situation des ports d’embarquement qui s’interconnectent avec les autres modes.
Afin de gagner en compétitivité et en attractivité, la filière du transport navigable doit mettre en exergue son principal atout, la sobriété énergétique, et le renforcer au travers d’une action dédiée à la transition énergétique du secteur impliquant un engagement fort de verdissement des motorisations de la flotte.
Transition énergétique
Avec l’accélération du réchauffement climatique, le transport fluvial et lacustre doit être un des leviers d’avenir de l’indispensable transition écologique et énergétique. Grâce à son empreinte environnementale largement inférieure au transport routier compte tenu de la massification qu’il permet, ce mode répond significativement aux impératifs de réduction des émissions carbone et de polluants atmosphériques, pour acheminer les personnes et les marchandises de toute nature.
Pour autant, un défi se dresse pour les années à venir : rendre le transport fluvial et lacustre encore plus propre.
Ce mode de transport offre d’énormes avantages écologiques : un bateau qui transporte jusqu’à l’équivalent de deux cents camions en un seul voyage, consomme trois à quatre fois moins d’énergie, et donc émet trois à quatre fois moins de CO2 que le même transport réalisé par camion par exemple. Toutefois, il n’échappe pas à un examen objectif de sa performance environnementale. En effet, les bateaux sont parfois assez anciens et les motorisations d’une grande longévité. Ainsi, le transport fluvial et lacustre doit s’adapter aux nouvelles normes environnementales, voire les anticiper, afin de maintenir son avantage concurrentiel naturel.
Les bateaux sont des véhicules spéciaux : ce ne sont pas tout à fait des navires de mer sur lesquels les solutions de dépollution sont en cours de déploiement depuis plusieurs années, ni des camions ou autres véhicules de transport terrestre, aujourd’hui soumis aux normes « Euro ». Les bateaux fluviaux et lacustres présentent de plus des caractéristiques très spécifiques, liées notamment à la « navigation en milieu confiné ».
Concevoir et mettre sur le marché des nouvelles motorisations, ou nouveaux systèmes d’échappement, requiert ainsi un effort de Recherche & Développement (R&D) important.
Malheureusement, l’offre de transport fluvial et lacustre ouvre de faibles perspectives pour amortir un effort de R&D, avec environ mille bateaux de fret immatriculés français en 2018, et environ six cents bateaux professionnels dans le tourisme fluvial,. mutualiser les efforts de R&D avec d’autres filières de véhicules est impératif.
Un réel besoin d’innovation dans le fluvial
Pour s’engager pleinement vers une croissance verte du transport fluvial et lacustre, il est aujourd’hui nécessaire de proposer aux transporteurs des solutions opérationnelles et peu coûteuses, afin de leur permettre de faire évoluer leurs bateaux vers des motorisations plus propres que par le passé. Pour ce faire, à titre d’exemple, Voies Navigables de France et ses partenaires, dont CARA, tentent de transposer au secteur fluvial des solutions existant déjà dans d’autres modes de transport : « mariniser » des moteurs routiers conformes à la norme Euro VI, mettre en œuvre des solutions s’appuyant sur l’hydrogène ou le gaz naturel (comprimé ou liquéfié), etc.
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